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LA RUE
- C'est le lieu de la vraie vie, la peinture vivante, trépidante
de toute société humaine. La rue, lieu d'égalité
par excellence, qu'aucune frontière ne délimite, mais où
s'affichent comme nulle part ailleurs, les inégalités les
plus criantes, les plus déchirantes.
Le rue est un tambour qui résonne de toutes les joies, de tous
les malheurs de l'homme. Car c'est de là que montent les rages et
les désespoirs, les souffrances et les révoltes. C'est dans
la rue que l'on crie à l'injustice, à l'incompréhension,
que l'on se rassemble, que l'on s'unit, que l'on résiste aussi. C'est
dans la rue que les faibles, les opprimés, les exclus et les délaissés
se retrouvent, se rassemblent pour hurler leur détresse. De la tristesse
et de la rancoeur? Pas seulement... car dans ce chaudron de toutes les turbulences,
bouillonnent également les idées de liberté, de justice
et de fraternité. C'est là, dans le plein air des villes,
entre les murailles du confort, de l'égoïsme et de la peur,
que l'on trouve ceux qui refusent de courber l'échine sous prétexte
d'une quelconque fatalité socio-économique, ceux qui ne croient
pas aux impératifs d'un temps censé être devenu obligatoirement
inhumain.
- Car l'humain est dans la rue. Le coeur du peuple de Dieu bat au ras
du pavé, et l'Evangile pousse sans cesse à "sortir au
dehors" , invite en permanence à se confronter aux avancées
chaotiques d'une société en perpétuelle évolution.
- L'ignorer, rester sur son balcon, refuser de se mêler à
la vie qui s'écoule et bouillonne sous ses pieds... c'est comme
se regarder dans un miroir brisé. Ce qu'on y voit n'est qu'un portrait
faussé, émietté de la réalité. Et de
l'avenir.
- Heureusement, des chrétiens prennent le risque de se mélanger
directement, brutalement même, aux douleurs et aux allégresses,
aux tragédies et aux fêtes de ce monde. Ils descendent dans
la rue pour oser la solidarité. Ils se réjouissent que Dieu
s'exprime depuis la rue.
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