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- Sebastian et Atif
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En décembre, j'étais de passage à Montréal
et j'y ai vu Daniel Laprès, un ami que je connais depuis
1990. Daniel est engagé dans la cause de deux jeunes Canadiens,
Atif Rafay et
Sebastian Burns, injustement condamnés pour les
meurtres des parents et de la sur d'Atif à Seattle,
aux États-Unis. |
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- Le procès s'est conclu en mai 2004, mais les meurtres
datent de 1994. La raison de ce long délai judiciaire
est que le gouvernement canadien, au mépris de ses engagements
internationaux, tenait à procéder à l'extradition
des deux garçons vers les États-Unis sans exiger
qu'ils soient protégés contre la peine de mort.
L'affaire a mis plusieurs années pour se rendre jusqu'à
la Cour Suprême du Canada. Celle-ci, tenant compte de l'opinion
internationale, a finalement ordonné au gouvernement d'exiger
des Américains qu'ils renoncent à la peine de mort
contre Sebastian et Atif. Une fois ces garanties fournies, l'extradition
a finalement pu avoir lieu, et les deux garçons ont subi
leur procès à Seattle.
- Mais au procès, le juge a commis de nombreuses
fautes graves, notamment en interdisant aux avocats de la défense
de présenter des éléments de preuve cruciaux
qui établissaient clairement l'innocence des accusés
et qui démontraient aussi l'incompétence des enquêteurs.
- Le juge avait aussi admis en preuve au procès les
" aveux " que les deux garçons avaient été
contraints de livrer à la police canadienne et qui ont
scellé leur sort. Pourtant, ces " aveux " avaient
été livrés suite à des menaces faites
par des policiers de la Gendarmerie Royale du Canada,
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qui s'étaient fait passer pour des membres du crime
organisé habitués de tuer des gens, et qui avaient
plongé Sebastian et Atif
dans un scénario où ceux-ci ont craint pour leur
vie et celles de leurs proches s'ils ne passaient pas aux "
aveux ". Le but de toute cette opération policière
était ainsi de forcer les deux garçons à
passer aux aveux coûte que coûte, et ce même
si la preuve matérielle et circonstancielle les disculpait
entièrement. |
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- Cette affaire a révélé que la police
fédérale canadienne utilise de façon routinière
ces tactiques qui bafouent les droits humains. Plusieurs autres
cas de personnes condamnées au Canada malgré leur
innocence ont été mis en lumière récemment.
Par exemple à Winnipeg, dans une affaire de meurtre et
viol datant de 1992, deux jeunes de 17 ans avaient été
reconnus coupables et condamnés à la prison à
vie après avoir livré des " aveux " suite
à une opération policière similaire à
celle subie par Sebastian et Atif. Mais depuis, des faits nouveaux
ont surgi : en septembre 2004, une analyse de l'ADN a démontré
que le crime n'avait pas été commis par ces deux
adolescents. Or, l'un de ces deux jeunes s'est suicidé
depuis. Pour lui et sa famille, il est maintenant trop tard pour
obtenir justice.
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- Il a été récemment découvert
que la police fédérale canadienne, en plus de procéder
en toute impunité à ce genre d'opération,
invite maintenant les corps policiers étrangers à
recevoir une formation au Canada pour en appliquer ensuite les
méthodes dans leurs pays. Ainsi, des policiers de Belgique
et d'Australie ont depuis été formés par
les policiers canadiens et peuvent maintenant piéger des
personnes innocentes. Il se peut fort bien que des policiers
d'autres pays aient aussi reçu une telle formation, d'où
des raisons de s'inquiéter sérieusement pour le
respect des droits humains.
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- Atif et Sebastian vont en appeler de leur condamnation.
Ceux qui les appuient vont continuer de les épauler dans
cette lutte, avec tous ceux et celles qui croient que la justice
doit être basée sur la vérité et le
respect des droits humains. Un site internet a été
créé pour présenter les détails révoltants
de leur affaire : www.rafayburnsappeal.com
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- Il serait certes utile d'alerter la communauté
internationale des défenseurs des droits humains sur ces
méthodes policières créées par la
police canadienne, afin de faire les pressions requises sur le
gouvernement canadien pour qu'il adopte les lois nécessaires
pour en interdire l'application au Canada, et aussi leur exportation
dans nos pays.
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