Le racisme sommeille en chacun de nous. Il ne disparaît jamais. ll suffit d'un déclic pour qu'il se réveille. Ainsi quand la société engendre un mal vivre avec une exclusion économique et sociale. Actuellement les étrangers sont l'objet de discriminations de plus en plus nombreuses et graves. Obtenir un travail ou un logement est plus difficile. Les contrôles d'identités sont plus fréquents lorsqu'on s'appelle Mamadou ou Mohamed. L'exclusion offre un terrain favorable au racisme. Quand des gens voient leurs droits bafoués, il leur devient difficile de respecter l'autre, surtout quand cet autre est un immigré. La logique du bouc émissaire peut fonctionner. C'est pourquoi le combat contre le racisme est lié au combat contre l'exclusion. On se bat contre le racisme et contre le système qui l'a créé. En France, les étrangers qui provoquent le plus d'antipathie sont les Maghrébins, spécialement les Algériens. Dans les différents pays d'Europe, les Tziganes connaissent le rejet. Quant à l'antisémitisme, c'est un sentiment qui perdure. Aujourd'hui, le racisme se banalise. On ne s'excuse plus d'avoir des réactions racistes. On explique simplement pourquoi on l'est devenu. L'école, les mouvements associatifs, les Eglises ont un rôle
dans le combat antiraciste. Particulièrement dans cette prise de
conscience qu'en excluant l'autre, c'est quelque chose de nous-mêmes
que nous excluons. Comment peut-on accepter l'autre si on ne s'est pas accepté
soi-même?
L'EXCLUSION PROBLÈME DE L'HOMME: PROBLÈME DE DIEU? Sans cesse, vous me parlez des problémes d'exclusion. Elles sont de tous genres: économiques, sociales, politiques, religieuses: Concrétement, elles signifient drames, souffrances; parfois même mort. C'est vrai! Mais qui de nous n'a jamais connu l'exclusion. C'est hélas, une réalité fondamentale de notre vie. Pour penser sérieusement le problème, que chacun s'interroge donc; dans quelles circonstances, s'est-il lui-même senti exclu? Quelle a alors été sa souffrance? C'est toujours par rapport à un autre, à un groupe, qu'on se sent exclu. Le sentiment de solitude qui en résulte est peut-être la source d'angoisse la plus profonde qui puisse être. Il touche en son coeur notre volonté de vivre, d'aimer. Il peut arriver que ce sentiment tienne à notre démesure. Nous voudrions tant avoir tout, être sûr de tout, connaître tout, être aimés de tous, et nous ne pouvons qu'être décus. Il est si difficile de consentir à sa propre mesure, de croire que nous avons de la valeur, tels que nous sommes, avec nos limites. Il est si difficile de s'aimer soi-même tel que l'on est. On voudrait être autre, avoir cinq talents là où on n'en a qu'un, disait Jésus. Quand notre rêve sur nous-mêmes s'effondre, nous nous sentons chassés de nous-mêmes. Dans notre déception, nous nous enfermons en nous, nous dressons des barrières pour nous protéger. C'est la tragique histoire de l'humanité. Par manque de confiance (en nous-mêmes? en l'autre? en Dieu?), nous excluons à notre tour. Nous ne pouvons échapper à ce sentiment d'exclusion que nous nous fabriquons qu'à une condition, avoir rencontré quelqu'un qui nous accueilli vraiment, qui nous a pris tels que nous sommes, qui nous aime sans conditions, pour ce que nous sommes. Heureux qui peut avoir cette certitude. Or innombrables sont les humains qui n'ont jamais rencontré ce regard. Dans le monde économique, social, politique, et même familial, hélas, tant de signes concrets disent: tu ne vaux rien, tu n'existes pas, tu ne comptes pas. Pour le dire, on peut même faire appel à Dieu. Que de fois, en son nom, on déclare; tu n'es rien, tu es coupable, disparais. "Au diable!"
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