La peine de mort

En 1996, aux Etats-Unis, quarante cinq personnes ont été mises à mort. Cette même année, dans L'Arkansas, une triple exécution groupée a eu lieu dans une quasi indifférence de l'opinion publique.

On justifie la sanction par la vengeance des victimes. La montée de l'insécurité dans les villes exige que la loi du talion soit appliquée.

Ce recours à la peine de mort révèle les peurs d'une population.

Mais le respect des victimes ne nécessite pas de faire d'autres victimes en réclamant le même châtiment qui enferme tout le monde dans le cycle de violence. A une époque o on supprime la vie avec tant de légèreté, il est d'autant plus important d'affirmer le prix de toute vie humaine.

C'est pourquoi un nombre croissant de pays ont peu à peu aboli la peine de mort, voulant sortir de l'idolâtrie de la vengeance, et montrer qu'une société d'hommes et de femmes est capable de ne pas se venger. Pour affirmer le droit fondamental de la vie. Pour garder l'espoir qui est au coeur de tout être humain. L'homme est toujours plus grand que son crime.

Les disciples de Jésus quant à eux, ont à mettre en oeuvre la parole qui traverse la bible: "tu ne tueras pas". Dieu est le Dieu des vivants. Si Dieu ressuscite Jésus d'entre les morts, c'est bien pour nous montrer qu'il est contre toute mise à mort et toute vengeance.

Il laisse à chaque être humain une porte ouverte sur l'avenir.


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Halte aux mines antipersonnel

Peut-on rêver qu'un jour, tous les enfants du monde pourront marcher sur la terre en toute sécurité ? Un long chemin reste à faire. Actuellement, toutes les 20 minutes les mines antipersonnel font une victime à travers le monde. Et une victime sur trois doit-être amputée. C'est accablant !

A la fin d'un conflit, les mines continuent de tuer empêchant toute possibilité d'une vie heureuse. On estime à 110 millions les mines antipersonnel disséminées dans 64 pays (spécialement l'Afrique) prêtes à exploser.

Devant ce scandale, l'opinion publique se mobilise. La communauté internationale réagit.Un projet de traité d'interdiction des mines antipersonnel vient d'être signé par 89 pays à Oslo.C'est un progrès et une victoire. Mais les États Unis ne veulent pas signer ce projet, s'alignant sur Pékin, Moscou, New-Delhi...

Un combat est à mener, à la suite surtout du comité international de la Croix Rouge et de la Princesse Diana par tous les citoyens du monde pour qu'un traité interdise la production, l'utilisation et le stockage des mines antipersonnel. Sans aucune exception.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, j'apprends avec consternation que la version définitive du catéchisme de Rome maintient la peine de mort.

Aux États Unis, les 3046 condamnés qui attendent leur exécution dans les couloirs de la mort, vont se voir abandonnés par l'Église Catholique à leur triste sort. Mais quelle aubaine pour le pouvoir politique !

Comme il est difficile d'être au service de la vie et de la respecter!

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Mise à mort au Texas


L'exécution de Karla Tucker a suscité beaucoup d'émotion et de révolte à travers le monde. De par mon appartenance à l'humanité je ressens de la honte.

Cette mise à mort, avec son rituel barbare, demeure pour moi un scandale et une folie. Un scandale, car elle montre une fois de plus que nous sommes prisonniers du cycle infernal de la vengeance. Une folie car elle dévoile notre incapacité à admettre qu'une personne, fusse-t-elle condamnée par la justice des hommes, peut changer.

Karla est morte en souriant, en pardonnant, en priant. Après quatorze années d'attente, elle n'était plus la même. Sa conversion témoigne du long chemin parcouru par cette femme qui avait le désir, le besoin, la volonté de devenir autre.

Un criminel ne peut jamais être réduit à son crime. Il est capable de s'humaniser, de vivre autrement. Lorsque nous tuons avec préméditation l'auteur d'un crime, sommes nous certains qu'il est toujours celui que nous avions jugé?

Aujourd'hui, dans les couloirs de la mort, près de 3400 condamnés attendent d'être exécutés. Ils ne connaitront pas la notoriété de Karla Tucker.

Pourtant, eux aussi, pendant toutes ces années, ont pu changer. Pourtant eux aussi doivent demeurer à nos yeux des êtres humains, plus grands que leurs crimes.

Scandale. Folie. Jamais une mort ne pourra effacer une autre mort.

Peut-on espérer qu'un jour, sur notre planète, le droit de vie ou de mort ne soit plus jamais confié à aucun pouvoir?

Atteindre ce but montrerait que nous sommes capables de grandir en humanité.

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Le Chiapas: Un espoir menacé


Je découvrais pour la première fois cette région du monde dont on parle tant. La commission civile internationale pour l'observation des droits humains m'avait invité. Nous étions 200, venus surtout d'Europe; les Espagnols étant les plus nombreux.

La grande majorité étaient des jeunes engagés sur le terrain des droits de l'Homme, très motivés par l'expérience Zapatiste du Chiapas. Ils sont, pour la plupart, hors et loin des Eglises, mais ils savent reconnaître la dignité populaire de l'Eglise de San Cristobal et de son pasteur: Mgr Samuel Ruiz, qui récemment a échappé à deux attentats.

Notre présence, en tant qu'étrangers, fut mal perçue par les autorités mexicaines et les médias qui dénoncèrent cette ingérence dans les affaires intérieures du pays. La peur xénophobe des autorités nous aura au moins permis d'avoir chaque jour les honneurs de la presse!

Comment se fait-il que le Chiapas suscite tant d'échos à travers le monde? Pourquoi ce petit pays - qui pourrait être un paradis s'il connaissait la paix- fait-il naître un tel espoir en cette fin de siècle? Est-ce à cause de la personnalité emblématique du sous-commandant Marcos qui est à la fois stratège et poète? Est-ce à cause de la beauté du pays et de San Cristobal de las Casas, capitale culturelle, si appréciée des touristes? Ces raisons ont leur importance, mais la plus décisive me paraît se situer ailleurs. Le Chiapas est devenu le seul lieu au monde où existe une manière de vivre et de s'organiser aussi singulière. Voici une révolution indigène qui ne veut pas prendre le pouvoir, mais le construire. C'est à la société civile de prendre le pouvoir. C'est une autre démocratie, non pas représentative mais participative. Et il y a une si belle harmonie entre la tradition et la modernité! Sur des banderoles, j'ai pu lire des paroles du sous-commandant Marcos qui donnent sens à cette révolution:

"Nous sommes la dignité rebelle
le coeur oublié de la patrie.
La dignité rebelle du FZLN (*)
ne se rend ni ne se vend".

Cette expérience portée par tant d'espoirs depuis 1994 est gravement compromise. Le massacre de Noël, perpétré par des paramilitaires, a fait 45 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, et 34 blessés.

Un prêtre français, Michel Chanteau, curé depuis 32 ans dans le village de Chenalho où s'est déroulé le drame, a eu le courage de dénoncer la responsabilité du Gouvernement dans ce massacre. Il n'en fallait pas plus pour qu'il soit aussitôt expulsé.

J'avais passé ma dernière soirée avec lui et quelques amis à San Cristobal. Il se savait menacé de mort mais son désir était de rester auprès des Indiens, comme un bon pasteur, quels que soient les risques.

Son expulsion donnera à d'autres le désir de venir, ou de revenir dans ce pays si attachant, pour que l'espoir ne soit pas tué.

(*) Front Zapatiste de Libération Nationale.

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La colombe de la paix s'est posée à Belfast


Quand la paix s'entrevoit enfin après trente années de guerre civile, c'est un événement qu'il faut saluer. C'est une bonne nouvelle qui ne peut que nous réjouir.
Les violences, les attentats terroristes qui ont fait plus de 3000 morts, nous avaient convaincus d'impuissance et de résignation.
Or, voici qu'une embellie apparaît, annonciatrice d'un printemps inespéré.
Ce n'est qu'un commencement. Cet accord est comme une fenêtre que l'on a, après tant et tant d'efforts vains, réussi à ouvrir. Mais il faut désormais l'empêcher de se refermer.
Un accord n'est pas encore la paix. Ses ennemis sont toujours là. Mais déjà, nous comprenons que la répression armée était une impasse. Nous comprenons que la violence des armes n'avait aucune chance d'aboutir.

Il a fallu le réalisme et la détermination d'hommes politiques pour faire asseoir les responsables concernés autour d'une même table. Il a été possible que les ennemis d'hier se parlent, négocient et se tournent ensemble vers l'avenir, montrant à tous qu'il n'y avait ni vainqueurs, ni vaincus.

Tout reste à faire, bien des obstacles sont encore à surmonter. Il est plus facile de continuer la guerre que de construire la paix. Mais le désir et la volonté de vivre ne pourront plus être brisés par la haine. Une page a été tournée.
Pourquoi a-t-il fallu trente années pour prendre conscience que la violence armée conduisait à une impasse et que seule la négociation pouvait ouvrir un chemin d'avenir?
Pourquoi tant de souffrances et de sang versé? Pourquoi toutes ces épreuves et ces deuils? Pourquoi tout ce temps perdu et tant de vies gâchées?
 
L'expérience de l'Irlande du Nord servira-t-elle de leçon aux pays qui sont déchirés depuis des années par des luttes fratricides?
Je pense à la Turquie avec les Kurdes, à l'Espagne avec les Basques, au Mexique avec les Indiens du Chiapas... On pourrait continuer la litanie.
La colombe de la paix qui s'est posée à Belfast peut aller ailleurs apporter l'espoir. Où se posera-t-elle demain pour notre plus grande joie?

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Un peuple oublié


Avec une délégation française, j'ai visité deux camps palestiniens au Liban: celui d'Aïn-el-Héloué, surpeuplé et celui de Chatila, meurtri par les massacres de 1982.
L'année 1998 marque le cinquantenaire de l'expulsion de près d'un million de Palestiniens et la dépossession de leurs terres.
Des anciens se souviennent: C'était en 1948, ils habitaient à Nazareth, Acre ou Tibériade... Ils sont partis à pied avec leurs enfants; laissant leurs maisons, leurs champs d'oliviers... tout ce qu'ils avaient. Ils espéraient revenir, au bout de quelques semaines, après la tourmente. Mais cinquante ans ont passé.
Cet homme de 84 ans, des larmes dans les yeux, ne cesse de se lamenter:
"Quel crime ai-je commis pour mériter cela?". Et il s'adresse à nous Français, pour nous lancer son message:

"Occupez-vous de la justice".

Ces Palestiniens ne réclament pas des médicaments, des écoles, des hôpitaux... Ils veulent la justice, c'est- à- dire le droit au retour.
J'ai rencontré des jeunes Palestiniens qui sont nés dans les camps. Grâce à leurs parents et à leurs grands- parents, ils ont gardé la mémoire de cette terre de Palestine. Ils y restent très attachés.
La cause palestinienne demeure un symbole pour beaucoup de gens à travers le monde. Un symbole aussi pour tous ceux qui ont été dépossédés, pour tous les sans-droits.
 
Mais la cause palestinienne restera la mauvaise conscience des peuples nantis, tant qu'ils ne bougeront pas pour que justice soit faite à ce peuple oublié par l'Histoire.
Les Palestiniens que j'ai rencontrés au Liban souffrent davantage aujourd'hui qu'hier: Leurs conditions sont devenus plus précaires. Ils n'ont plus de perspectives. L'avenir est bouché.
Mais, chose extraordinaire, ils gardent au plus profond d'eux-mêmes ce que personne n'a jamais pu leur prendre: l'espoir.
L'espoir de revenir un jour sur leur terre.

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Dans le courrier du nouvel an

Parmi tous les messages reçus, à l'occasion des souhaits de bonne année, il y en a un qui m'a touché particulièrement: celui d'un ami prêtre, parti de France il y a trente ans, pour servir dans l'Eglise du Chili. Il a connu la prison du temps de Pinochet puis l'expulsion. I est reparti au Pérou au milieu du peuple indien quechua de la Cordillière des Andes, qui vit entre quatre mille et cinq mille mètres d'altitude. Il a la chance d'être dans une église qui a fait l'option pour les pauvres. A la question posée: la théologie de la libération est-elle dangereuse? La réponse est sans ambiguïté: oui elle est dangereuse pour les riches et bénéfique pour les pauvres, comme le sont le Magnificat et les Béatitudes de Luc.

Ce prêtre fait l'expérience des ravages du néolibéralisme économique qui s'installe en maître en Amérique latine. "J'en suis témoin et j'en souffre dans la mine d'étain et de cuivre qui emploie 1000 ouvriers. Certains mineurs doivent travailler 12 heures par jour - 15 heures parfois avec le transport - 7 jours sur 7, sans bénéfices sociaux, sans syndicat, sans sécurité dans le travail, pour un salaire de misère. Je dénonce cette injustice comme inhumaine et pour être inhumaine, comme antichrétienne. Les travailleurs ne peuvent le faire: à la moindre tentative, ils sont licenciés. Le patron m'interdit l'entrée au campement minier; les mineurs font pression et exigent que je puisse les visiter... mais que faire? Jamais, depuis le temps de prison sous Pinochet, je ne me suis senti aussi démuni et impuissant face à l'injustice et à la souffrance humaine..."

" Il me reste la foi, et parfois le doute. Je crois, je veux croire, je me force à croire que Dieu et les pauvres auront le dernier mot..."

" Mais il y a aussi des signes d'espérance: les chrétiens quechuas se sentent de plus en plus chez eux dans l'Eglise; les responsables laïcs prennent leurs communautés chrétiennes en main, président les célébrations liturgiques, organisent la solidarité avec les pauvres. Un journaliste demandait à Gustavo Gutierrez, un ami théologien: Comment voyez-vous l'avenir de la théologie de la libération? voici sa réponse: l'avenir de la théologie de la libération ne me préoccupe pas tellement, ce qui me préoccupe, c'est l'avenir des pauvres dans le monde.

Merci Francisco pour ton témoignage qui est une rumeur d'évangile. Je rends grâce à Dieu pour ton ministère auprès des Indiens. Tant que des gens comme toi existeront, il sera possible d'espérer. Ton engagement est un appel.

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La résistance des "sans-terre" du Brésil

 

Je passe la soirée avec José Raihna qui arrive du Brésil. Il est le dirigeant du mouvement des paysans sans-terre, qui recense quelque 50 000 familles regroupées dans 244 campements. Le MST (Mouvement des Sans-Terre) est le principal mouvement d'opposition à la politique menée par le gouvernement.

J'ai plaisir à rencontrer cet homme engagé qui ne supporte pas l'injustice et qui jouit d'une grande popularité auprès des paysans.

Le 3 juin 1989, 100 familles de travailleurs ruraux sans terre ont occupé pacifiquement une ferme improductive. Le 5 juin, le propriétaire débarque accompagné d'un policier. Les deux hommes commencent à tirer sur les paysans qui ripostent. Il y a plusieurs blessés parmi les paysans et deux morts : le propriétaire et le policier. Immédiatement la police militaire assiège la ferme. Plusieurs paysans sont arrêtés et torturés en prison.

Le 10 juin 1997 José Raihna est condamné à 26 ans et demi de prison. Il a été reconnu coupable de ce double meurtre. Partout, c'est l'indignation.

Durant le procès, la preuve de sa présence sur les lieux n'a pas été apportée. Or des preuves irréfutables attestent qu'il se trouvait à plus de deux mille kilomètres de là ! C'est un procès politique. "Procès inéquitable" dira Amnesty International.

"Mon unique crime, dit José, est de lutter pour un morceau de terre, un morceau de pain pour que nos fils ne soient pas des bandits ; si cela est hors la loi, alors je le resterai". Raihna a été condamné parce qu'il est dirigeant du MST et participe à la lutte pour la réforme agraire.

Au Brésil lorsque la peine infligée est supérieure à 20 ans, la procédure d'appel est automatique. Le procès aura sans doute lieu au printemps. José tient à me préciser :"Ce qui compte avant tout, c'est la réforme agraire et le renouveau de la société brésilienne".

Nous soutiendrons José Raihna pour qu'il ait droit à un procès équitable.

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Après le procès de Madrid

J'apprends que les 23 dirigeants d'Herri Batasuna sont codamnés à 7 ans de prison. De l'Espagne et du pays basque, on me demande mes réactions.

Je suis stupéfait de cette lourde sanction qui marque la volonté d'intensifier la répression contre l'ETA, avec le renforcement de la coopération internationale et les demandes d'extraditions. L'avenir me paraît mal engagé. Cette politique de la répression ne peut que relancer les actions terroristes de l'ETA. Pourquoi ne pas avoir saisi l'occasion de ce procès pour essayer d'engager des négociations? Elles auraient pu mettre fin à ces horribles attentats qui soulèvent l'indignation générale.

 

 

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AU PALAIS DE JUSTICE - Avec les Basques

Le procès des prisonniers politiques basques commence. La salle du tribunal est comble. Des Basques ont voyagé en car toute la nuit pour être là. Je suis au milieu d'eux. Les policiers sont en nombre. Je suis heureux de retrouver une femme qui tient un restaurant à Bayonne. Ses enfants sont avec elle. Son mari détenu à la prison de Fleuris Mérogis arrive dans le box des accusés. Elle-même risque de faire de la prison, ce qui serait une catastrophe pour la famille, les enfants, le restaurant... J'ai écrit au Président du Tribunal, en ce sens. Avec surprise, il fait état de ma lettre et en donne lecture. Un prêtre basque vient à la barre. Il défend avec flamme la cause du peuple basque. La salle ne peut se défendre d'applaudir à tout rompre. En quittant le Palais de Justice, nous allons au quartier latin pour reprendre des forces autour d'un couscous. Il se fait tard quand les Basques reprennent courageusement la route de leur lointain pays.

AU PALAIS DE JUSTICE - Avec les Kurdes

Toujours dans la même salle mais cette fois il s'agit de juger 17 ressortissants Kurdes qui sont détenus depuis plus de trois ans ! Ils étaient 18 mais l'un d'entre eux s'est suicidé dans sa cellule... quelques heures avant que la chambre d'accusation n'ordonne sa remise en liberté. Il avait 28 ans, étudiait la sociologie et militait pour la reconnaissance des droits des Kurdes. Il ne supportait plus son incarcération.

Je suis cité comme témoin. Les prisonniers Kurdes me regardent et sont attentifs à ce que je dis. Devant le Tribunal, je rapporte mes différents voyages au Kurdistan, j'explique ma présence au Tribunal d'Ankara à l'occasion d'un procès fait à des prisonniers politiques. J'essaie de rendre compte de la détresse du Peuple Kurde, chassé de ses villages, de ses terres, victime de la répression des militaires depuis déjà 14 années. On se fait juge de ces jeunes Kurdes sans penser à leur peuple assassiné, pour lequel ils se battent.

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Retour sur images

Un journaliste est venu me poser trois questions qui respirent l'air du temps.Il aurait pu les poser aussi bien à chacune et chacun d'entre vous; car ces questions nous invitent à revisiter le passé en vue d'éclairer l'avenir.

En cette fin de siècle, quel est l'événement marquant que vous voulez garder?

La chute du mur de Berlin. Je me vois encore découvrir avec stupeur les images bouleversantes du journal télévisé. La chute du mur de Berlin est un événement considérable qui a permis l'effondrement du communisme, la fin de la guerre froide, le franchissement des frontières... Le retentissement de cet événement se fait encore sentir aujourd'hui comme les vagues provoquées par un séisme, n'en finissent pas de déferler sur le rivage. Les historiens diront peut-être un jour que le XXIème siècle a commencé avec la chute du mur sans attendre notre calendrier. Car nous avons basculé dans un monde nouveau, planétaire, où tout bouge et va très vite.

En cette fin de siècle, quelle image gardez-vous ?

L'image de ce jeune chinois qui eut l'incroyable audace de défier les chars sur la place Tiennanmen. Il a surgi de la foule pour s'immobiliser devant le premier tank. Surprenant face à face. Un petit homme sans armes tenait tête aux canons! Plus extraordinaire encore, il osa escalader la chenille et monter sur le char. Et voici qu'il se pencha vers l'ouverture pour parler quelques secondes avec le conducteur. Moment inoubliable. Notre jeune héros tentait d'établir la communication. Nous ne savons pas ce qu'il a dit, mais lui savait certainement que dans ce char, il y avait un être humain, avec un coeur qui battait, capable d'entendre parler de paix.

Nous ne savons pas non plus qui est ce jeune chinois, ni ce qu'il est devenu. Mais dans la grandeur de son geste, il nous représente tous avec ce qu'il y a de meilleur en nous. Il nous représente avec nos mains nues, nos sursauts de conscience devant l'injustice, nos luttes non violentes devant l'oppression.

Quel rêve faites- vous pour le prochain millénaire ?

Le rêve de la fraternité humaine. Vivre ensemble quelque soit notre pays, notre ethnie, notre croyance, la couleur de notre peau. Qu'à Jérusalem, Israéliens et Palestiniens puissent vivre ensemble dans l'égalité des droits. Je rêve que cette fraternité humaine s'étende à tous les vivants de la nature. Car nous sommes des terriens. Nous appartenons au cosmos. Fraternité humaine et fraternité cosmique sont liées. Et vous, que répondriez-vous aux questions du journaliste?

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