La lettre de Jacques Gaillot
du 1er février 1997


Un silence coupable






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Un silence coupable


Ce qui se passe dans la région des grands lacs africains n'est plus un événement. Tout simplement parce qu'on n'en parle plus. C'est l'indifférence. Dans le climat d'insécurité existant, les organisations humanitaires ne peuvent plus intervenir, ou si peu!

Pourtant depuis des semaines, tout un peuple erre dans l'Est du Zaïre, luttant contre les épidémies, la faim, la peur. Plus exposés que d'autres, des enfants meurent chaque jour.

Sur place, il n'y a plus de caméras pour montrer le drame vécu par ces milliers de réfugiés. Il n'y a plus de cris qui parviennent jusqu'à nos pays nantis. Il n'y a plus d'appels qui puissent nous mobiliser à la solidarité. C'est le silence. Le silence de la communauté internationale qui se rend coupable de non-assistance à un peuple en danger.
Le silence des responsables politiques qui laissent les Africains à eux-mêmes. Sans doute n'y a-t-il pas de marché à conquérir, mais il y a des êtres humains qui sont abandonnés et sacrifiés dans les forêts zaïroises.

Dans la Bible, au livre de la Genèse,
Dieu dit à Caïn: «Qu'as-tu fait de ton frère?» Caïn se défend: «Je n'en sais rien. Suis-je le gardien de mon frère?» Dieu lui répond: «Un cri monte du sol vers moi, c'est le sang de ton frère.».

Nous sommes responsables les uns des autres. La solidarité n'a pas de frontières. Nous formons une seule famille humaine sur la planète. Pour le siècle qui vient, n'est-ce pas une tâche urgente?


Jacques Gaillot