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La vie spirituelle
Une des caractéristiques de la vie spirituelle durant la deuxième moitié du vingtième siècle est qu'elle a pris ses distances vis-à-vis des religions. Pour beaucoup elle est devenue autonome par rapport à la pratique religieuse, entendue comme pratique du culte, des rites, des sacrements d'une communauté. Tous, nous connaissons des gens qui sont en chemin, qui cherchent un sens à leur existence, qui ne vivent pas enfermés sur eux-mêmes, qui se rapportent à d'autres et qui ne s'adressent pas à des représentants officiels des Eglises ou à des religions pour être éclairés.
Quand il nous arrive de dire que nos contemporains sont superficiels, matérialistes, qu'ils surfent sur les réalités..., nous parlons trop rapidement et nous sommes injustes avec notre temps. Il n'y a qu'à écouter les interviews de jeunes et spécialement les textes des chansons...
Nous aimons rencontrer des personnes que nous appellerons des " sages ", des gens qui ont une expérience. Ils se sont engagés sur un chemin semblable au nôtre, mais sont un peu plus avancés que nous et peuvent nous communiquer quelque chose de leur expérience. Par exemple, lorsqu'un deuil nous surprend et nous afflige, nous aimons parler à quelqu'un qui est passé par là, qui sait dire combien il comprend notre souffrance et comment il a fait pour ne pas penser tout le temps à celui qui nous a quittés.
La vie spirituelle réunit. Nous ne pouvons plus regarder les autres de l'extérieur quand nous avons partagé quelque chose de notre humanité. Ainsi, quand nous nous retrouvons à une manifestation pour défendre les droits des étrangers sans-papiers, pour lutter contre l'exclusion, ou encore pour accompagner une famille dans l'épreuve, pour faire mémoire d'un événement. Après ce n'est plus comme avant. Nous partageons une complicité, un petit air de famille. Nous sentons combien nous ne sommes pas seuls. Beaucoup de nos contemporains s'engagent en fonction d'une valeur spirituelle. Cette valeur spirituelle concerne notre existence que nous soyons croyants, agnostiques ou athées. Elle se situe surtout au niveau de notre désir ; elle nous permet d'être nous-mêmes, d'avoir accès à nous-mêmes, d'entrer plus profondément en nous-mêmes et de trouver les mots pour dire ce qui nous anime. Ce faisant, nous rejoignons ce qu'il y a de plus fort dans nos diverses traditions, que l'histoire ainsi que les luttes de pouvoir dans les institutions nous ont parfois empêchés de voir. Ainsi, un chrétien pensera à Jésus, à ce qu'il a apporté à notre humanité. Jésus de Nazareth, en effet, était attentif à toute personne humaine, en vivant un amour privilégié pour les exclus. C'est ce qu'ont compris Pierre et Jacques, qui rencontrent un paralysé à côté de la piscine du Temple et qui lui disent : " De l'or et de l'argent nous n'en avons pas, mais au nom de Jésus, lève-toi et marche ".