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Deux disparitions
Coup sur coup, j'ai perdu deux amis suisses, deux prêtres
qui m'étaient très chers. L'un était un
théologien renommé, engagé et parfois redouté.
L'autre était un homme de terrain, inlassable défenseur
des réfugiés.
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Le Professeur Herbert Haag
avait enseigné à la célèbre université
de Tübingen. Chose rare à notre époque, il
avait une parole libre. Il ne craignait pas de parler des sujets
qui fâchent dans l'Eglise. Il y a une dizaine d'années,
il me remit à Lucerne un prix concernant mon action à
Evreux. |
Cornelius Koch s'était
engagé tout au long de sa vie auprès des réfugiés
et des exclus de la société. Encore sur son lit
d'hôpital, il luttait pour la régularisation collective
des sans papiers vivant en Suisse. C'était un bonheur
d'être à ses côtés pour défendre
les sans papiers d'Almeria en Andalousie ou de Fribourg en Suisse.
Ces deux prêtres font honneur à l'Eglise. |
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Vie de groupe
Nous étions 22 à être partis en délégation
en Palestine. Ils étaient pour la plupart cameramen, journalistes,
photographes.
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Nous avons vécu six jours ensemble et logions dans
un camp palestinien tout proche de Béthléem. |
J'étais dans une chambrée de six avec lits
à étages. Les actions communes, les transports,
les rencontres faisaient que nous étions toujours proches
les uns des autres.
Trois étaient musulmans. Un autre m'a dit être
baptisé et de famille catholique, mais il a quitté
l'Eglise pour être lui-même. L'Eglise représente
pour lui l'ordre moral. Ce qui compte à ses yeux c'est
d'être authentique. Il s'est libéré de l'Eglise
pour être libre. Quant aux autres, ils ne se référaient
à aucune religion mais ils n'étaient pas insensibles
à la présence d'un évêque parmi eux.
L'important est d'être là humainement présent
au milieu d'eux, comme un serviteur. Je ne peux pas témoigner
de l'Evangile tant que l'autre n'a pas perçu que j'étais
un frère pour lui. Si j'ai conscience de lui être
supérieur, il n'y aura pas de rencontre vraie.
Grâce aux Palestiniens, ce séjour a permis une
vie de groupe étonnante avec des relations humaines vraies
que personne ne pourra oublier. |
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- Dieu où est-il
?
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"Devant l'Hôtel de Ville de Paris, se tenait une
manifestation d'africains sans papiers, canalisée par
les barrières. |
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- Entre les manifestants et l'Hôtel de Ville, un imposant
déploiement de policiers comme à l'habitude. Les
banderoles flottaient au vent. Le haut parleur déversait
des slogans repris inlassablement par tous. Les tam-tams animaient
la place. Je me trouvais au milieu des africains quant un homme
surgit devant moi et me dit : " Et Dieu là-dedans
? "
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Je répondis aussitôt : " Dieu est là
! " " Vous être sûr ? ". " Oui,
Dieu est toujours du côté des opprimés ".
" Il n'est pas du côté des policiers ? ".
" Parce que Dieu est du côté des opprimés,
il n'exclut personne ". |
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- L'homme que je ne connaissais pas poursuivit avec une
dernière question : " On vous reproche de ne pas
parler de Dieu dans les médias ". " Pour beaucoup
de gens, Dieu n'est pas synonyme de libération ".
L'homme me serra la main et me dit : " Je suis d'accord
avec vous ".
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